Enfant, il a partagé les jeux des petits paysans, lesquels – comme la soule – étaient plutôt violents : il y a acquis la résistance physique qui lui permet de se livrer, dans les enquêtes, aux acrobaties les plus risquées. Élève au collège des Jésuites de Vannes, il a reçu par ailleurs de son parrain, le marquis de Ranreuil, une éducation de gentilhomme humaniste. Il sait donc monter à cheval, chasser et manier l’épée. Il a également appris l’anglais, les échecs et lu, de façon très éclectique, les romans de chevalerie et les philosophes des Lumières. Il a aussi appris à cuisiner avec le marquis et la cuisinière du chanoine, Fine.
Devenu clerc de notaire à Rennes, il file le parfait amour avec Isabelle de Ranreuil, la fille de son parrain, lorsque ce dernier l’envoie à Paris en novembre 1759 avec une lettre de recommandation pour M. de Sartine, « magistrat à Paris » et ami du marquis. En attendant sa rencontre avec Sartine, il apprend à déjouer les pièges de la capitale et travaille comme apprenti herboriste aux côtés du père Grégoire, qui l’héberge au couvent des Carmes déchaux.
Ayant enfin eu l’entrevue attendue avec Sartine, il est nommé secrétaire du commissaire Lardin, chez qui il loge jusqu'à la disparition de son hôte, disparition sur laquelle Sartine le chargera d'enquêter : ce sera sa première enquête. Pendant quinze mois, il apprend, grâce à Lardin, le métier de policier et suit par ailleurs des cours de droit chez M. Noblecourt, ancien magistrat, et parfait sa connaissance de Paris. Au cours de ces quinze premiers mois passés dans la capitale, il a également une liaison avec Antoinette Godelet, jeune femme de chambre de l'épouse du président du Parlement. Il retrouve Antoinette en février 1761. Entretemps, violée par un cousin du président, elle a accouché d'un fils – qu'elle affirme être issu de ce viol – et, l'ayant placé en nourrice à Clamart, elle a dû, pour subvenir à ses besoins, devenir l'une des filles de la Paulet, sous le nom de "la Satin".
En janvier 1761, à la mort de son tuteur, Nicolas revient à Guérande où son parrain lui interdit de revoir Isabelle. Croyant que le marquis de Ranreuil le méprise, il le quitte sur une violente dispute. Or, en avril de la même année, à la mort du marquis de Ranreuil, il apprend par le roi que le marquis est son père et Sartine l’informe que sa mère, une fille noble, est morte à sa naissance. Le roi veut lui restituer son nom et ses titres, ce que Nicolas refuse pour ne pas priver sa demi-sœur de son héritage. Cependant, Isabelle lui fait parvenir la chevalière de leur père, aux armes du marquis, celle-là même qui lui vaut, dans L'Homme au ventre de plomb, les sarcasmes du comte de Ruissec, et en 1772, elle lui envoie aussi, sans un mot, l’épée de parade du marquis de Ranreuil, afin qu'il la porte.
Pour le récompenser d'avoir préservé l'honneur de la favorite du moment, Mme de Pompadour, le roi le nomme – au terme de sa première enquête – commissaire de police au Châtelet sous l’autorité directe de Sartine pour les affaires extraordinaires. Bien introduit en cour, Nicolas Le Floch s’occupe dès lors de la sécurité de Versailles. Il rend des services importants à Mlle Adélaïde (cf. L'Homme au ventre de plomb) ainsi qu'à la nouvelle favorite, la comtesse du Barry (cf. L'Affaire Nicolas Le Floch). Il est invité aux chasses royales car le roi, à qui il rappelle son père, le tient en grande estime, au point de lui confier des tâches d’espion comme celle de négocier un accord avec Théveneau de Morande, ce qui le conduit en janvier 1774 à Londres, où il rencontre le chevalier d'Éon. Comme il charme Louis XV par le récit qu’il fait de ses enquêtes, le souverain l'appelle familièrement "le petit Ranreuil" et lui témoigne une affection bien réelle. Aussi est-ce à sa demande qu'il assiste La Borde pendant l’agonie du roi. Cette mort l'affecte profondément mais sa tristesse est balayée par la joie de savoir que Louis, le fils d'Antoinette Godelet, né en décembre 1760, est le sien, ainsi qu'il l'a appris à Londres de la bouche d'une ancienne prostituée du Dauphin couronné. Nicolas reconnaît Louis et aide sa mère, la Satin, à acheter rue du Bac un fonds de commerce d'objets de mode et de toilette.
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En mars 1775, Le Noir étant atteint d'une maladie de peau, Sartine assure l'intérim du lieutenant général de police. Arguant des précédents succès de son ancien commissaire, il envoie celui-ci démêler à Vienne – sous couvert de convoyer un buste en Sèvres de la reine – un problème de chiffre diplomatique. Lorsque Nicolas revient à Paris le 30 avril, tout va mal : il apprend que son propre fils a disparu et, dans la nuit, un meurtre est commis dans la boulangerie qui occupe le rez-de-chaussée de la maison de M. de Noblecourt, rue Montmartre, où Nicolas a établi ses quartiers depuis la disparition de Lardin, en 1761. Dans les jours qui suivent, le commissaire au Châtelet prend aussi la mesure de la Guerre des farines, qui déstabilise le pouvoir. Le 2 mai, Louis XVI lui dicte un billet à l'intention de Turgot. Or, si le scripteur est fictif, le billet est authentique, inscrivant Nicolas dans l'Histoire et soulignant, de ce fait, la confiance qu'il a acquise auprès du souverain, qui a quinze ans de moins que lui.
Pendant les émeutes de mai 1775, Le Noir est remplacé par un nouveau lieutenant général de police, Albert, qui ne paraît guère apprécier Nicolas. Heureusement, Albert ayant démérité en tant que lieutenant général de police, Le Noir est réintégré dans cette fonction en juin 1776. Fin décembre 1776, Nicolas est chargé d’aller accueillir à Saint-Goustan Benjamin Franklin, « ambassadeur officieux des rebelles américains », et de l'escorter jusqu'à Paris (Le Cadavre anglais). À l'aller, il rend visite au duc de Choiseul, à Chanteloup, près d’Amboise, afin de lui remettre une lettre de Sartine. Il rend ensuite visite à sa sœur, devenue religieuse à Fontevraud, et lui présente son fils Louis, qui l’accompagne. Il se rend enfin à Ranreuil, où il contrôle le travail de l’intendant qui gère son domaine. En 1777, noble éclairé, il remet « en raison des maladies qui ont frappé le bétail » les redevances des fermiers, qui sont en fait ses anciens compagnons de jeu sur les bords de la Vilaine.
De plus en plus proche du souverain, il participe très fréquemment aux chasses royales, ce qui lui donne l'occasion de sauver le roi, à Versailles, de la charge d’un cerf. Ce haut fait le hisse au rang d’informateur secret au monarque. Il a dès lors acquis le droit d’assister au petit lever, « le comble de la faveur ». Il est aussi décoré de l’ordre de Saint-Michel « le grand cordon noir auquel était suspendue une croix de Malte, émaillée de blanc et de vert, anglée de lys, avec l’image de l’archange patron protecteur du royaume » (Le Cadavre anglais).
Au début du mois d'avril 1777, Nicolas est reçu, avec Semacgus, à Berlin, par le marquis de Pons, ambassadeur de France.
En 1778, il est chargé de la sécurité de la reine quand elle vient faire la fête à Paris car il est le seul que Marie-Antoinette tolère à sa suite (Le Noyé du Grand-Canal). En février, il surveille ainsi le bal de l’Opéra.
Le 27 juillet 1778, il assiste à la bataille d’Ouessant sur le pont du Saint-Esprit, navire du duc de Chartres qu’il surveille. Après la bataille, le roi le fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis.
Dans L'Honneur de Sartine, il ne sait toujours pas qui est sa mère, ni si elle vit encore. Or le 9 juin 1780, il rencontre à l'abbaye de Saint-Denis Madame Louise, qui lui remet, de la part d'une carmélite, un brevet de lieutenant au régiment des carabiniers de Monsieur au nom de Louis de Ranreuil, ainsi qu'un paquet contenant un reliquaire portatif, entouré de formules mystérieuses : "Ce que je vous demande, c'est de vous souvenir de moi à l'autel de Dieu" et " Que rien ne te trouble / La patience triomphe de tout / Dieu seul suffit." Qui donc veille, dans le plus grand secret, au parcours de Nicolas et de son fils ?
L'entrevue avec Mme Louise nous apprend en outre les raisons de l'incident qui a conduit Marie-Antoinette à surnommer Nicolas – depuis 1770 – "le cavalier de Compiègne". Ce qui était passé aux yeux de tous comme une maladresse n'était en fait que le moyen de sauver Madame Louise, en grand danger d'être écrasée par une voiture.
En 1782, dans L'Enquête russe, Nicolas est souvent proche de la tentation de tout abandonner pour rejoindre son château de Ranreuil :
« Avec l’acuité de quelqu’un accoutumé dès l’enfance aux examens de conscience, il en vint à jeter sur son existence un regard en perspective qui accrut encore son malaise. Toujours à la poursuite du crime, toujours hanté par les différents visages de la mort, toujours témoin des formes les plus achevées de la bassesse, du lucre et du crime, baignant dans l’atroce et l’insoutenable, conduit par ses enquêtes, malgré qu’il en eût, à porter sur la société du royaume une attention de plus en plus critique, même s’il n’en tirait pas les conséquences nécessaires, Nicolas Le Floch doutait soudain de tout. La tentation du libre océan le saisissait dans une nostalgie de vert et d’embruns salés. Que ne repartait-il en Bretagne, à Ranreuil, dans la vieille forteresse de ses ancêtres, sentinelle des marais ? Il prendrait soin de ses terres et surtout de ceux qui y travaillaient. Il se consacrerait à améliorer les choses. Quelle plus belle ambition qu’essayer d’apporter un peu plus de bonheur aux siens ? Il lirait et méditerait, chasserait, pêcherait, suivrait de loin la carrière de Louis. »
Il songe avec nostalgie aux livres de la bibliothèque du château de Ranreuil. Il doute aussi de son amour pour Aimée d’Arranet et pense de plus en plus à la Satin : « A l’amour, feu couvant, qu’il continuait à lui porter, s’ajoutaient une estime, un respect et une admiration qui ne faisaient que croître. »
Il est pourtant de plus en plus accepté à la cour où la reine, moins frivole, le prie d’être son cavalier pour une contredanse.
« Ce marquis de Ranreuil qui avait un jour surgi à la cour du feu roi, on le réputait redoutable et cela d’autant plus qu’il avait langue avec les plus influents des entours du trône. Cependant Nicolas ne s’était jamais leurré sur la quasi-imposture de sa propre condition, un bâtard certes reconnu, dont le fils était né d’une fille galante. Si rien n’avait jamais transpiré de cette situation, c’était sans doute que la crainte fermait les bouches. »
Il est enlevé par deux agents russes en sortant d’un bal à Versailles et sauvé par les agents de Sartine. À la fin de L’Enquête russe, enquête qu’il a résolue, le grand-duc Paul lui remet la croix de chevalier de l’ordre de Saint-André avec l’autorisation du roi Louis XVI.
Entre L’Enquête russe et L’Année du volcan, au début de l’année 1783, Nicolas passe deux mois dans ses terres de Bretagne, au château de Ranreuil. Il reprend en mains l’administration de ses biens « que Guillard, son intendant, gérait avec sagesse, mais sans imagination ». Il joue aussi son rôle de noble provincial :
« Soupers, chasses, beuveries et longues promenades sur les grèves s’étaient succédés. Il avait même dû déjouer les menées obstinées de quelques douairières attachées à lui trouver une épouse. »
Il constate l’écart entre cette noblesse campagnarde et celle de la cour qu’il a l’habitude de côtoyer. De retour à Paris, il fait aussi le constat de l’aggravation de la pauvreté :
« Les paysans affluaient toujours vers la capitale, augmentant le nombre des mendiants et de ceux qui, à la Grève, demandaient du travail. Une agitation larvée couvait dans plusieurs faubourgs. Un peu partout, aux carrefours, des groupes d’hommes aux mines patibulaires se rassemblaient, parlant haut. »
Le jeu devient un travers commun, celui de la reine qui s’y ruine et celui du peuple qui espère la richesse. L’État, pour combler le déficit, multiplie les loteries. Les idées de Nicolas se confirment, ce qui ravit Bourdeau :
« [Il] était convaincu d’une chose, c’était qu’un homme valait un homme, que rien, ni origine, ni naissance, n’était à même d’imposer l’idée contraire et que, seuls, l’éducation et le talent justifiaient une hiérarchie fondée sur le principe d’utilité à la société. »
Mi-juillet 1783, alors qu'il enquête sur la mort suspecte d’un proche de Marie Antoinette, le vicomte de Trabard, éleveur de chevaux de course, il apprend qu’un libelle cherche à nuire à la reine et à la cour, et menace de surcroît de révéler le nom et surtout l’emploi de la mère de Louis. L'enquête le conduit à rencontrer la comtesse de La Motte et Cagliostro. Il est par ailleurs chargé de résoudre diplomatiquement à Londres l'affaire du libelle.
Le 21 novembre, il assiste à l’envol de la montgolfière du marquis d’Arlandes et de Pilâtre des Roziers.
Fin 1783, après l’enquête de L’Année du volcan, Nicolas se rend à Saumur pour voir son fils Louis, à qui il offre Bucéphale, l’étalon du vicomte de Trabard, qu’il a acheté après sa saisie au profit de la Couronne. Puis Nicolas passe Noël à Fontevraud auprès de sa sœur Isabelle et regagne Paris pour le jour de l’an. Il vieillit et ressemble de plus en plus à son père, le marquis de Ranreuil :
« Des fils blancs dans sa chevelure brune, de plus en plus nombreux, le visage désormais sculpté par les épreuves de la vie, la stature toujours redressée et militaire, cette maturité concourait à accentuer cette similitude. »
Au début de l’enquête de La Pyramide de glace (début 1784), il s’éloigne un peu d’Aimée quand il sait que celle-ci fréquente une loge maçonnique féminine. Ses amis organisent une rencontre qui permet au couple de se retrouver. Cet aspect réactionnaire se retrouve dans une réponse cinglante qu’il fait à une saillie de Bourdeau et surtout à l’absence de véritable dialogue avec la comtesse de Genlis, l'une des femmes les plus remarquables du XVIIIe siècle.
Cette enquête permet aussi de connaître le surnom de Nicolas dans les milieux populaires : il est le marquis noir. Ce surnom s’attachait sans doute à son habit noir de magistrat. Par deux fois, il échappe à la mort, d’abord lors d’une attaque de chiens errants dans la rue Montmartre – il n’est sauvé que par l’intervention de Pluton – et ensuite dans une cavité des carrières de gypse de Montmartre où il est précipité par Tristan Benot. Là encore, l’intervention de Pluton est salvatrice. Pendant l’enquête policière, Nicolas montre sa proximité avec le roi et s’oppose à un président du Parlement et surtout au duc de Chartres.
En 1786, dans L’Inconnu du Pont Notre-Dame, Nicolas est envoyé en mission par le roi et Vergennes auprès du Pape Pie VI. Il reste absent un mois du 15 avril au 15 mai 1786, pendant le début du procès devant le Parlement du Cardinal de Rohan et des autres accusés de l’Affaire dite du collier de la reine. À son retour, Nicolas doit effectuer une longue enquête très complexe qui va s’étaler sur plus de deux mois : il s’agit d’un vol de médailles à la Bibliothèque du roi, de deux meurtres, d’une trahison et de la menace d’un attentat contre le roi lui-même, menace dont il reçoit l’information par Antoinette devenue Lady Charwel. Tout cela est lié aux rivalités entre Calonne et Breteuil, sans compter les oppositions au jugement du Parlement. Nicolas apprend aussi la filiation de sa mère qui fait de lui un membre de la famille royale. De plus, son fils Louis lui annonce son mariage.
Dans L’Inconnu du Pont Notre-Dame, Nicolas apprend aussi de la bouche de Madame Louise, avec l’accord du pape Pie VI, que sa mère est une fille naturelle de Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et duc de Penthièvre :
« Une fille de haute naissance a été aimée par votre père en-dehors des lois du Seigneur. Il se trouve qu’elle-même était issue d’une liaison coupable. Son père, votre grand-père, n’était autre que Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV et de Mme de Montespan, née Rochechouart-Mortemart.
Avant son mariage avec Marie-Victoire de Noailles, il eut plusieurs enfants naturels dont votre mère. Ainsi êtes-vous apparenté de très près à la famille royale et aux plus grandes maisons du royaume. Le duc de Penthièvre est votre oncle. Et quant à moi, servante du Seigneur, je suis votre cousine, car notre aïeul est commun. »
Nicolas est donc un des arrières petits-fils de Louis XIV puisque le comte de Toulouse, né en 1678 et mort en 1737, est le dernier des enfants naturels que le roi eut avec la marquise de Montespan. Légitimé en 1681, il est fait comte de Toulouse et devient ensuite, en 1697 duc de Penthièvre et duc de Rambouillet en 1711. En 1714, comme son frère le duc de Maine, le roi lui donne le rang de prince de sang, ce qui fait de lui un prétendant au trône dans l’ordre de succession. Le Parlement casse cet édit en 1717.
Avant son mariage avec Marie-Victoire de Noailles en 1723, il eut deux enfants naturels avec Madeleine Aumont (Louis-Alexandre de Sainte-Foy et Philippe-Auguste de Sainte-Foy). Le roman ajoute une troisième naissance, une fille qui elle-même aura un enfant naturel avec le marquis de Ranreuil, Nicolas Le Floch. La fille du comte de Toulouse se retrouve enfermée dans un couvent, peut-être au carmel de Saint-Denis.
Le comte de Toulouse eut un fils légitime, Louis-Jean-Marie de Bourbon, né en 1725 et mort en 1793. C’est lui le duc de Penthièvre des enquêtes de Nicolas Le Floch. Il est donc le demi-frère de la mère de Nicolas et par conséquent l'oncle de Nicolas.
Le 23 juillet 1786, Julie de Mezay, la fiancée de Louis est présentée à la reine en présence de son père, de son fiancé et de Nicolas, puis au roi. "Le contrat de mariage fut signé le même jour par le couple royal et par Provence, Madame Elisabeth, le duc de Penthièvre et tous les amis des Ranreuil." Ce qui démontre le lien fort et la reconnaissance entre la famille régnante et les Ranreuil, que complète le roi en faisant de Nicolas un grand-croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. Le jeune couple se marie quelques jours plus tard et en septembre 1787 donne naissance à un fils, Nicolas de Ranreuil au sein de la demeure ancestrale. C'est sur ces évènements que débute Le Prince de Cochinchine, qui confirme la présence importante de Nicolas auprès du roi entre-autre lors la réception par le roi du Prince Cahn et de Pigneau de Behaine . Cette faveur est aussi, en partie, la cause de la rancœur de plusieurs personnes nobles ou roturiers. Ainsi, son emprisonnement à la Bastille est plaisant au lieutenant criminel Bachois de Villefort mais également à son collègue le commissaire Guyot, mais il retrouve une franche amitié avec Bourdeau et découvre que beaucoup voient en lui un homme juste qui défend le peuple. Nicolas s'épanche à cette occasion sur sa noblesse et sur sa vision de celle-ci et des privilèges :
"Contrairement à d’autres, je ne me suis pas seulement donné la peine de naître. Abandonné sur la pierre froide d’un tombeau, pendant vingt ans j’ai ignoré qui j’étais. Ce qui m’a été donné par la providence l’a été en surplus sans que jamais je l’aie demandé. Et ainsi je pourrais être encore à Rennes, à gratter la minute dans quelque obscure étude. Ou encore j’aurais pu être tué dans une malheureuse affaire au début de ma carrière si tu ne m’avais pas sauvé la vie. J’ai saisi, étonné, ce qui se présentait à moi, n’ayant d’autre considération que pour la fidélité et d’autre estime que pour les talents. Alors le reste m’est indifférent ou plutôt j’ai ouvert peu à peu les yeux sur la misère du peuple, j’en pleurerais et puisque je suis noble, paraît-il…
Et même, songea-t-il, descendant d’une famille sacrée.
- …J’essaye vis-à-vis de ceux qui dépendent de moi sur quelques arpents de landes, que je serais volontiers prêt à labourer moi-même, de rendre un peu de ce qui m’a été donné. Que l’ordre ancien vienne à disparaître et avec lui les privilèges, soit, mais il serait alors à craindre qu’à la noblesse détruite succédât une nouvelle aristocratie tout aussi rapace, celle des seigneurs de l’argent. Et que le roi daigne entendre les bons conseils."
Il découvre aussi au cours de son enquête que le duc d'Orléans est membre "d’une coalition hétéroclite composée (du Prince) Minh, de la Triade, (et) des Hollandais (...). Tous souhaitent la chute de Nguyen Anh : par ambition pour Minh, par haine envers la dynastie régnante pour la Triade, pour des raisons commerciales et politiques pour les Hollandais et par volonté d’affaiblir le roi pour le duc d’Orléans lié aux Anglais du fait de ses tractations financières."
Désormais la lutte est ouverte entre le roi et le duc.
" Le 19 novembre en présence du souverain, Loménie de Brienne soumit au Parlement l’enregistrement de cinq emprunts et l’acceptation du roi de convoquer les Etats-Généraux au plus tard en 1792. Les conseillers regimbèrent sous l’influence de Duval d’Eprémesnil qui proposa un compromis, un vote favorable contre la convocation dès 1789. Louis XVI ordonna que son édit soit enregistré. Alors qu’il se retirait, le duc d’Orléans l’interpella et dénonça l’illégalité de la séance, frappant l’assistance de stupeur et s’attirant la réplique bégayante du roi : Cela m’est égal…Vous êtes bien le maître !... Si ! C’est légal parce que je le veux. Le 20 novembre, le duc était exilé à Villers-Cotterêts. L’agitation parlementaire se poursuivit et gagna les provinces. "
Nicolas assiste à la signature du traité entre la France et le Cochinchine le 28 novembre à Versailles, deux jours avant que l'évèque d'Adran baptise Nicolas, Aimé, Louis de Ranreuil en présence de la marraine Aimée d'Arranet et du parrain Aimé de Noblecourt, mais aussi d'Isabelle de Ranreuil.
Le 23 décembre 1787 meurt Madame Louise, il asssite au funérail et se doute que parmis les soeurs présentes se tient sa mère, dont le duc de Penthièvre lui a fait parvenir un portait en miniature.
Le 27 décembre, il fait ses adieux à Pigneau et au jeune prince qui rentrent en Cochinchine.
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